mercredi 4 novembre 2015

Cher Monsieur Farès Souhaid


 

Cher Monsieur Farès Souhaid

Orient-Le Jour
4 juillet 2015

« Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et l’on ouvrira à celui qui frappe » (Matth. VII, 7).
A quoi songiez-vous lorsque, commentant l’entrée de la statue de la vierge de Fatima dans le hall du parlement, vous déplorâtes « une immixtion de la religion dans la politique » ?

Est-ce d’adresser à Dieu des prières pour obtenir de Lui l’objet de nos désirs, ou de vouloir modifier par nos prières la disposition éternelle de sa providence, qui vous a choqué ?

Auriez-vous songé que l’efficacité de la prière fût nulle ou voisine de zéro ? Que Dieu ne peut intervenir par ses miracles et par ses anges sans que cela n’affecte son gouvernement du monde ?

Non, la doctrine de l’Eglise n’a jamais prétendu que « l'immutabilité de la providence divine » supprimât l’utilité de la prière ou que l’invocation de Dieu pour obtenir de lui l'objet de nos désirs modifiât la disposition éternelle de sa providence.

Bien au contraire le Seigneur dit qu’ « il faut toujours prier sans se lasser jamais » (Lc XVIII, 1), et saint Paul : « Priez sans cesse » (I Thes 5, 17).

C’est une autre histoire de savoir pourquoi nos prières ne sont guère entendues. Peut-être « nous ne savons pas demander dans notre prière ce qui convient ». D’où ce mot de saint Augustin : « Le Seigneur est bon qui ne nous accorde pas ce que nous voulons afin de nous donner ce que nous préférons ».

Ou bien, je vous le concède, « Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer » (Bossuet) ; et, comme dirait Péguy : « demander la victoire à Dieu sans combattre, je crois que c'est impoli ».

A moins que, d’une manière plus prosaïque, vous ayez songé que la prière est une relation intime avec Dieu, ce qui n’est pas faux mais non exclusif des prières publiques. Ou alors que l’on cesse cette hypocrisie de se féliciter d’avoir de l’Annonciation fait une fête nationale.

Il est vrai que le déferlement alentour de la confusion du spirituel et du temporel soulève de justes et légitimes craintes pour la cause laïque. Mais la « séparation de l’Eglise et de l’Etat », emblématique du laïcisme moderne, n’est pas exactement ce que l’Eglise et la doctrine catholique entendent par la « distinction » des deux ordres. Elle en est même l’exacte contrefaçon.

Carlos Hage Chahine 
Auteur de « La laïcité de l’Etat et sa contrefaçon »

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