vendredi 20 mai 2022

Chronique de l’inversion des valeurs

Chronique de l’inversion des valeurs

Petit rappel : La laïcité de l’Etat et du droit - du moins la saine et légitime laïcité -, se définit par l’autonomie de l’Etat dans son domaine, celui du temporel. Cette autonomie, relative du fait de la supériorité du spirituel en tant qu’il engage le salut éternel de l’âme, a pour limite « les préceptes négatifs de la loi naturelle ». « Universellement valables : [ceux-là] obligent tous et chacun, toujours et en toute circonstance » (enc. Veritatis splendor). En ce sens la loi civile ne saurait porter atteinte à la loi morale naturelle objective de portée universelle.

Par une perversion de l’intelligence, le laïcisme républicain s’est approprié les « normes négatives », les déplaçant du domaine spirituel au domaine temporel : « Non à une loi morale qui primerait la loi civile et justifierait que l’on se place hors de la loi ! Cela ne peut se concevoir dans une démocratie laïque. » C’est par ces termes que le président Jacques Chirac officialisait en 1995 une aussi flagrante inversion des valeurs. Ainsi, au nom de ce simulacre de « préceptes négatifs », Valérie Pécresse prétend réclamer, du chef d’homophobie, des sanctions contre le joueur Idrissa Gueye. Selon Le HuffPost du 16 mai dernier, et à l’occasion de la « journée mondiale contre l’homophobie », ce joueur « s’est fait porter pâle pour éviter d’avoir à arborer les couleurs du drapeau LGBT et à soutenir sa cause ». Pour la présidente de la région Île-de-France, « un refus d’Idrissa Gana Gueye de s’associer à la lutte contre l’homophobie ne pourrait rester sans sanction ». Pour comble d’inversion, toute honte bue, et comme chef surabondant de culpabilité, madame Pécresse ose invoquer « le devoir d’exemplarité » du joueur.

Carlos Hage Chahine