mercredi 17 mai 2017

Les leçons d’un scrutin


Les Leçons d’un scrutin

Signe des temps, les élections présidentielles françaises de dimanche dernier ont été, comme toutes les élections depuis quelques décennies, marquées par une inversion des priorités des Français, obnubilés par la défense de leur pouvoir d’achat et la lutte contre le chômage. S’étend sur la France le règne d’un économisme souverain où l’économie préside à la politique au lieu d’être dans sa dépendance. Et pourtant, si précieux soient-ils, les biens matériels privés, objet de l’économie, ne peuvent l’emporter sur le bien commun que poursuit la politique. Pas plus qu’on ne peut préférer au pont l’appropriation de ses pierres.

Comment en est-on arrivé à ce que les incertitudes et la menace qu’un candidat laisse planer sur les retombées économiques, vraies ou supposées, d’une sortie de la France hors de l’Union européenne, proposée par son adversaire, pèsent autant aux yeux des Français dans la balance de leur vote ; qu’un éventuel étiolement de leur bourse leur est plus insupportable qu’une décomposition morale sans frein ni limites de leur pays ?

La dissolution des mœurs conjointement avec une idéologie individualiste, et se nourrissant constamment l’une de l’autre, a brisé les communautés familiales isolant les noyaux humains de leurs remparts naturels. Sans protection ni défense, l’individu n’a plus d’autre ressource que de s’accrocher aux expédients promis par l’Etat. « Ne reste plus, comme le disait Marcel De Corte, que l’aspect économique et matériel de la vie humaine. C’est le seul commun dénominateur des groupements humains actuels. La cîme, les branches, le tronc même de l’arbre humain dévastés, la sève est redescendue jusque dans les racines souterraines. »
 
Carlos Hage Chahine
12 mai 2017