lundi 4 octobre 2021

LE B A BA DU DROIT


LE B A BA DU DROIT

Sans préjuger de l’applicabilité ou non, en cas de crime de droit commun, de l’immunité judiciaire qui couvre les actes des politiques effectués pendant l’exercice de leurs fonctions, voici un nouvel exemple de confessionnalisme exacerbé.

Il me semble, pour le malheur de la justice, que la cabale menée d’abord contre le juge Sawwan puis contre Bitar, se soit amplifiée à la faveur de l’appui accordé à Hassane Diab, hier par le mufti Deriane, Hariri et ses pairs du club des anciens premiers ministres, et aujourd’hui, par le sunnisme politique. Tout ce monde a pris fait et cause pour le prédécesseur de Mikati sauf à faire cause commune - ô ironie du sort - avec le Hezbollah, en prenant pour motif, apparemment ou réellement justifié, le sentiment d’une injustice insupportable frappant la communauté sunnite, et pour prétexte, la volonté de lutter contre la pratique discriminatoire des deux poids, deux mesures.

Il est certain en effet que le Président Aoun avait été informé de la présence et de la dangerosité du stock de nitrate d’ammonium. Il ne s’en est pas défendu. Il l’a même formellement reconnu. Aussi il peut paraître choquant qu’il soit couvert par l’immunité. Pourquoi lui et pas moi, se disent les autres ? L’immunité, pensent-ils, ou elle les couvre tous ou elle ne couvre personne.

L’argument est spécieux. Que les règles de droit soient modifiables, soit. Mais en attendant de les modifier, on les applique et on s’y soumet.

C’est élémentaire et le b a ba du droit. S’y soustraire relève d’un esprit ouvertement séditieux.

Carlos HAGE CHAHINE

 https://www.lorientlejour.com/article/1276531/le-ba-ba-du-droit.html

COMMENTAIRE DE TEXTE

COMMENTAIRE DE TEXTE

Au lendemain de la formation du Gouvernement, je lis dans L’Orient-Le Jour du 10 septembre dernier, le résumé d’un tweet de Gebran Bassil, dont voici les extraits :

« Le chef du Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun), Gebran Bassil, rapporte le journal, a estimé que, sans “le retard d'une annéeˮ pris dans la formation du gouvernement, de “nombreuses souffrancesˮ auraient pu être épargnées aux Libanais (...) »

- De « nombreuses souffrances » ont été infligées au peuple libanais. Et savez-vous à qui en revient la faute ? Eh bien, la faute en est au « retard d’une année » pris dans la formation du Gouvernement. L’impasse est faite, bien sûr, sur le responsable du retard, qui n’a pas voulu ou su abréger les délais. Maudit sois-tu vilain retard, qui as fait languir tout un peuple et assumes seul la responsabilité de tous ses maux !

Une telle affligeante analyse de la cause des « nombreuses souffrances » dont on aurait pu faire l’économie au peuple libanais, est révélatrice du peu de cas dont celui-ci est l’objet en haut lieu.

« “Nous espérons, ajoute le tweet, toujours selon L’Orient-Le Jour, que certains auront appris à respecter la Constitutionˮ. Cette pique du gendre du président Aoun était manifestement adressée, note-t-on, au club des anciens présidents du Conseil, notamment à Saad Hariri, qui avait échangé pendant des mois des accusations avec le camp aouniste au sujet des prérogatives constitutionnelles du président… »

- A compter de (désormais !) messieurs les premiers ministres désignés, tenez-le vous pour dit : ou bien vous avez appris la leçon et “ appris à respecter la Constitutionˮ et vous n’aurez plus à attendre un an pour la formation d’un prochain Gouvernement, ou bien vous n’“aurez [pas] appris à respecter la Constitutionˮ, et dans ce cas, désolé, vous pourrez toujours attendre, dût le peuple mourir de faim et de soif, privé de médicaments, de soins hospitaliers, d’essence, de mazout, d’électricité, etc., etc.

« “Nous souhaitons au nouveau gouvernement, poursuit le tweet, de ne pas tarder à lancer les réformes. Nous avons assez tardé…ˮ »

- Enfin un timide (mais bien tardif) aveu de responsabilité partagée dans le retard. Mais sans l’engagement de réparer et avec le ferme propos de recommencer.

« “Que la vérité soit faite dès aujourd’huiˮ », tonne Bassil.

- Mais de quelle vérité parle-t-on ? Gageons qu’il faisait allusion à ce fameux bras de fer auquel tous les pôles de l’exécutif se sont livrés et où, au lieu de leur propre bras, ils se sont acharnés à ployer le bras du peuple, et au lieu de leur propre doigt, à mordre à les meurtrir tous les doigts du peuple, totalement sourds à ses plaintes !

Quel souverain mépris pour un peuple infantilisé, volé et abandonné à lui-même !

Carlos HAGE CHAHINE

https://www.lorientlejour.com/article/1275519/commentaire-de-texte.html