Thibon et Dom
Gérard nous invitent à lutter contre le sentiment d’être à l’étroit dans le
présent. Les regrets du passé et les rêves d’avenir ne font que nous détourner
de l’attention soigneuse qu’il faut porter à chaque chose. D’autant qu’on ne
peut rien changer au passé et que l’ambition qui habite nos rêves d’avenir, ne
fait qu’ameuter le sens de la démesure qui sommeille en nous, avec tous les
dangers que cela comporte pour la santé mentale des grenouilles humaines.
Vivre dans un présent perpétuel… Bâtir ce moment verticalement
Vivre notre aujourd’hui avec Dom Gérard et
Gustave Thibon
« Pourquoi
les saints peuvent-ils sans s'épuiser travailler et souffrir mille fois plus
que nous ? C'est parce qu'ils vivent dans un présent perpétuel, parce qu'ils
incarnent le mot du Christ : à chaque jour suffit sa peine. Ce qui nous épuise,
c'est que notre présent est rongé sans cesse de regrets, d'appréhensions et de
craintes imaginaires. Comment nos possibilités d'action immédiate ne
seraient-elles pas très limitées, dévorés que nous sommes par ce qui n'est plus
et par ce qui ne sera jamais ? Le saint élimine de sa vie le parasitisme du
passé et de l'avenir : aussi chaque instant est-il gonflé pour lui de plénitude
et de vigueur éternelles. » (Gustave Thibon, L’Echelle de Jacob)
« Il faudrait
s’arrêter un peu, pour voir, pour écouter. Et pour se souvenir. Même chez les
hommes d’étude, il y a beaucoup d’activisme : on passe d’une chose à l’autre
sans que l’esprit en soit illuminé ; d’où parfois une sensation de vide et
d’angoisse. Les psychologues eux-mêmes sont d’accord avec nous. Ils ont
découvert une nouvelle méthode pour guérir l’angoisse, c’est l’horathérapie. On
conseille au malade de chasser les obsessions en s’attachant au présent, à la
chose à faire hic et nunc [ici et maintenant], en donnant tout son temps
et toute son attention à la minute qui passe, à la personne qui est en face de
soi, à l’objet le plus proche, à l’action requise sur le moment. Calmement.
Respectueusement. Cette phrase que je lis, ce mot que je prononce, ce visage
qui m’interroge, tout cela à chaque instant contient une grâce de choix. “Il y
a trop d’éternité dans chaque moment qui passe pour en faire bon marché” disait
Madame Swetchine. D’autre part, cet humble moment a sa noblesse : on ne sabote
pas le travail. “Il fallait que ce bâton de chaise fût bien fait” (Péguy). Et
l’on rencontre alors une grande règle de vie spirituelle : consentir au moment
présent en lui donnant toute sa place écarte le regret stérile des misères du
passé et l’illusion dangereuse des lendemains qui rêvent… On doit le [ce
moment] bâtir verticalement, en relation avec l’éternité dont il nous ouvre les
portes parce qu’il nous unit à la volonté de Dieu qui l’a voulu tel, et par là
nous le rend aimable. » (Dom Gérard Calvet, extrait des « Amis du
monastère » du 21 mai 2000)
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