Peine de mort
Réponse au pape François
Aux membres de la Commission internationale contre la peine de mort
reçus le 17 décembre 2018, le pape François réaffirme son ferme engagement
contre ce châtiment. « La certitude, dit-il, que chaque vie est sacrée et
que la dignité humaine doit être cultivée sans exceptions, m’a poussé, depuis
le début de mon ministère, à travailler à différents niveaux pour l’abolition
universelle de la peine de mort ». Le pontife romain ajoute :
« Cette peine est contraire à l’Evangile car elle implique de supprimer
une vie qui est toujours sacrée aux yeux du Créateur, et de laquelle seul Dieu
est vrai juge et garant ». Et, plus loin : « On ne peut enlever
à personne ni sa vie ni l’espérance de la rédemption et de la réconciliation. »
J’ose dire, et je n’ai pas peur des mots, que la hiérarchie
officielle de l’Eglise catholique contemporaine a été incapable de concilier deux
principes apparemment contradictoires : d’une part, « la primauté du
bien commun contre les personnalistes », corrélatif à la primauté du tout
par rapport à la partie, et, d’autre part, cette vérité rappelée dans
l’encyclique « Divini Redemptoris » de Pie XI, que « la Cité est
pour l’homme, et non l’homme pour la Cité ».
Pour nous sortir de cet antagonisme apparent, une seule clé : la
hiérarchie des biens communs. L’existence humaine est insérée dans un réseau de
« touts » divers et hiérarchisés. Individu, membre d’une famille,
citoyen civil, citoyen du monde, citoyen céleste, l’homme est ordonné à une
hiérarchie de biens communs et ne saurait se borner au seul bien de la société.
Chaque homme appartient à deux cités : une cité terrestre ayant pour fin le
bien commun temporel, et la cité de Dieu, un tout supérieur au tout de la cité,
qui a pour fin ultime la vie éternelle.
Aussi la primauté de la personne est à lire à la lumière du
principe de totalité : « La Cité est pour l’homme en ce que l’homme
est PARTIE D’UN AUTRE TOUT, un tout supérieur au tout de la cité » (Jean
Madiran, Le Principe de totalité, p. 65). Ainsi chaque personne est
tenue comme individu membre de la cité de sacrifier sa vie, au besoin, pour la
cité. Car c’est uniquement par sa destinée surnaturelle que la personne est
moralement supérieure à la cité. La nation, dit Madiran, ne demande au citoyen
que le sacrifice de son existence temporelle, elle n’exige pas de lui qu’il lui
sacrifie son âme et son salut éternel.
Aussi longtemps que l’Eglise conciliaire sera prisonnière du culte
de l’homme et de la philosophie anthropocentriste sous-jacente à sa théologie, sa
hiérarchie officielle, avec le pape François à sa tête, témoigneront d’un
véritable embrouillement du naturel et du surnaturel.
Carlos Hage Chahine
24 septembre 2018
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